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25 septembre 2013 à 06:40

"Juste parmi les nations"

 

 

Gino, ce héros

Quand les mots « cycliste » et « enquête » sont associés, il n’en sort généralement rien de bon, si ce n’est des suspensions plus ou moins longues pour dopage.

Mais pour une fois, dans l’histoire que nous allons vous conter, l’enquête en question a mené à célébrer un héros. Il se nomme Gino Bartali, a gagné deux Tours de France (en 1938 et 1948) et trois Giros (1936, 1937, 1946). Il a surtout contribué à sauver 800 Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, ce qui lui a valu d’être officiellement reconnu lundi comme « Juste parmi les nations » par Yad Vachem, le centre mondial de recherche, de documentation et de commémoration de la Shoah.

L’Italien se servait de sa bicyclette et de sa popularité pour franchir sans encombre les barrages policiers sur les routes de Toscane et d’Ombrie. Officiellement pour s’entraîner, mais en réalité, il amenait à un couvent près d’Assise tous les documents nécessaires pour établir de faux papiers, qui permettaient ensuite aux Juifs italiens de se réfugier en Suisse. Selon les études universitaires qui lui ont été consacrées, Gino Bartali cachait les papiers et les photos dans la tige de sa selle, dans le guidon et le cadre de son vélo. Il signait souvent des autographes aux plantons qui le reconnaissaient, mais cachait à tous, même à ses intimes, ses activités secrètes.

Après la guerre, ce fervent catholique ne s’est jamais vanté de son passé de résistant. C’est aussi pour cela qu’il a fallu attendre aussi longtemps pour que lui soit décerné la plus grande distinction honorifique de l’État d’Israël. À titre posthume : il est mort en 2000, à 86 ans.

Voilà, Gino était un héros, un grand cycliste, une star de son époque, un homme de notre temps. Ce champion, qui était l’un des plus grands rivaux de Fausto Coppi, nous rappelle à quel point sont accessoires la gloire et les titres.

Jean Deutsch

Article paru dans l'Alsace du 25/9/2013

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